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musicalitis

24 juillet 2010

Dylan (Bob)

Robert Allen Zimmerman, de son nom d’artiste Bob Dylan (le nom viendrait du poète Dylan Thomas ou de celui d’un oncle qui s'appelait Dillion), né aux Etats-Unis le 24 mai 1941 de parents immigrés juifs d'Odessa, a vécu son enfance à Duluth et Hibbing, dans l’Amérique profonde [1]. Il est, sans conteste, l’un des plus grands poètes et musiciens américain, voire mondiaux.

 Tôt, Bob se met au piano, à la guitare et à l’harmonica. Le très bon film de Scorcèse, du nom d’un des titres de Bob, No direction home, montre bien les tous débuts du chanteur, de groupes en groupes, notamment The Golden Chord [2]. Il aime la musique country de Hank Williams.

 A Minneapolis, en 1959, il est étudiant à l’université du Minnesota et suit cours d’art. Il passe par Chicago et vient à New York durant l’hivers 1961, en pleine froidure, à Greenwich Village, un quartier bohème où habitent artistes et chanteurs. Une personne avec laquelle il se lie lui fait découvrir Woody Guthrie, dont il se passionne pour l’autobiographie, Bound For Glory, à tel point qu’il lui rend visite au Greystone Hospital, dans le New Jersey. Les deux hommes sympathisent et Dylan passe alors avec lui ses week-ends, faisant la connaissance de plus grands noms du folk, Cisco Houston, Ramblin’ Jack Elliot, ou Pete Seeger. Nous sommes en plein folk revival. Mais le mouvement folk ne se cantonne pas au seul Greenwich Village : à Cambridge, en Nouvelle-Angleterre, Joan Baez et Eric Von Schmidt sont déjà connus.

 A New York, Bob rencontre Susan Rotolo, peintre, à peine âgée de 17 ans. Lors de hoots, ou hootenannies [3] d’un club connu du Village, Bob est repéré puis engagé dans un club, sur les conseils de Robert Shelton[4], critique musical du New York Times, qui publie sur lui un article flatteur, lui donnant une certaine notoriété. En Nouvelle Angleterre, il rencontre Carolyn Hester, une chanteuse de folk, chanteuse pour Columbia. Elle cherche un harmoniciste pour son prochain album et propose à Dylan de travailler avec elle. Par son intermédiaire, il connaît John H. Hammond, un des directeurs artistiques de Columbia, qui est persuadé de son talent et, malgré les réticences de sa direction, lui fait signer un contrat. Bob a déjà un imprésario, Al Grossman, critiqué pour ses visées lucratives. Nous sommes en 1959 et ce dernier a aussi comme clients le Kingston Trio, Odetta et surtout Peter, Paul and Mary. Il s’arrange pour produire Bob en concert au Carnegie Chapter Hall, en 1961.

 Bob commence à être connu dans les années 1960 et reste productif au début du XXIe siècle.

 Chez Columbia, en 1962, il enregistre son premier album dans lequel il n’y a que peu de chansons de lui, une de sa composition étant dédiée à son idole de l’époque, Woody Guthrie (Song to Woody ; V. aussi Talking New York times et, sur son deuxième album, Talking world war three ; le style du « talking » est typique de Woody Guthrie). L’album ne rencontre pas un gros succès. Pourtant, son contrat n’est pas rompu : il est défendu par J. H. Hammond et Johnny Cash. Et, dès son second album, en 1963, la plupart des chansons sont de lui : Blowing in the wind et Don’t think twice le rendent célèbre. Des chansons comme A hard rain's a-gonna fall, faisant allusion à la crise des missiles de Cuba, Masters of war et Oxford town sont ouvertement contestataires, alors que d’autres, comme Girl from the north country, et Corinna Corinna, sont révélateurs de la tendresse et de la poésie qui l'inspirent. Les sessions ont courtes, Bob enregistrant généralement une fois chaque chanson. Les vidéos en public filmées en ce temps montrent qu’il maîtrise ses instruments et qu’il est capable de refaire parfaitement ses titres.

 A compter de 1962, paraît Broadside Magazine, où Bob apparaît sous le pseudonyme Blind Boy Grunt et où écrivent notamment Tom Paxton et Phil Ochs, qui y publient les textes de leurs chansons. Bob correspond, par ses textes, aux aspirations d’une génération luttant contre le droitisme et le conservatisme de l’époque. Blowin' in the wind fait l’objet d’une publication dans le numéro six de Broadside. Elle est interprétée avec éclat par Peter, Paul and Mary. Elle devient le symbole d’une certaine forme de résistance.

 Grace à Suze Rotolo, qui travaille au CORE (le Congress of Racial Equality), et de Broadside, il côtoie le milieu contestataire qui militait pour les minorités. En mai 1963, à Greenwood, dans le Mississipi, Dylan chante à un rassemblement destiné à pousser la population noire des États du Sud à s'inscrire sur les listes électorales. En août 1963, il est présent à la Marche sur Washington lors de laquelle Martin Luther King prononce son discours remarqué « I had a dream » et à l’occasion de laquelle il chante aussi. Sa présence aux côtés de Joan Baez et leur relation amoureuse firent beaucoup pour établir sa stature contestataire. Les défenseurs des Civil rights (Joan Baez, Pete Seeger…) le prennent pour porte drapeau (témoin son intervention publique devant le Capitole, sur des pelouses bourrées de monde, lors de la Marche sur Washington, où il chante Blowing in the wind : un garçon de quelques vingt-quatre ans…, V. le film de Martin Scorsese), mais ils déchanteront vite, car Bob n’entend pas se laisser enfermer dans un mouvement politique, même si des idées de gauche continueront parfois d’inspirer ses chansons (Only a pawn in their game). Joan Baez sera longtemps fascinée par lui et, après Susan Rotolo (qu’on voit sur la pochette de l’album In free wheelin’), finira par le quitter.

 Comme le dit Bob sur son site officiel : « Bob Dylan was born in Duluth, Minnesota on 24th May 1941. He grew up in the mining town of Hibbing and played in a number of rock and roll bands as a high school student. In 1959 he enrolled at the University of Minneapolis but left after his freshman year 1961 In January, Dylan moved to New York City where he visited his idol Woody Guthrie in hospital and performed in the folk clubs of Greenwich Village. Following a performance at New York's Gerde's Folk City in September, Dylan received public recognition through a review by critic Robert Shelton in The New York Times. Dylan's talents were brought to the attention of A&R producer John Hammond and in October he signed a contract with Columbia Records. 1962 In March, Dylan released his first album, 'Bob Dylan'. 1963 Dylan's second album, 'The Freewheelin', including songs like 'Blowin' in the Wind' and 'Don't Think Twice’ ». 

 Dès lors, Bob Dylan évolue d’un style folk song, un dérivé du style country (Don’t think twice, Blowing in the wind, de l’album In free wheelin’, The times they are-a-changin’) mêlé de blues (Baby let me follow you down, See that my grave is kept clean), avec un accompagnement de guitare sèche et parfois d’harmonica, à un genre plus rock et électrifié (Mr tambourine man, Like a rolling stone ; Bob a rencontré les Beatles en 1964, lors de leur tournée aux USA, un an avant sa tournée anglaise, de 1965) [5]. Ce tournant vers plus de modernité devait décevoir beaucoup de gens, attachés au dépouillement de ses premières interprétations, et ressentant comme une sorte de frustration (en particulier, Pete Seeger). Nombreux sont ceux qui reprennent ses titres. Il faut entendre Mr tambourine man par les Byrds.

 On va de The times they are-a-changin’ à Things have changed en passant par World gone wrong.

 En 1964, on trouve le Bob contestataire dans The times they are-a-changin’, avec des chansons aussi marquées que Only a pawn in their game, ou The time when the ship comes in, puis, la même année, un Bob différent, plus intimiste, sur l’album Another side of Bob Dylan, où est gravé le très beau All I really want to do et la douloureuse To Ramona.

 En 1965, il est accompagné par guitariste génial de l’époque, Mike Bloomfield, et enregistre un album, mi-acoustique, mi-électrique, Bringing it all back home [6], où se trouve Mr tambourine man. Son public n’apprécie pas, alors même que cet album ressemble encore aux précédents. La même année, il grave Highway 61 revisited, qui contient le sublime Desolation row. Bob est accompagné alors par Mike Bloomfield et Al Kooper [7]. L’inspiration sent un peu la marijuana, ou d’autres sortes de drogues. Dans le même esprit, en 1966, il enregistre Blonde and Blonde, un double album, qui contient notamment l’allucinant Visions of Johanna. Fin 1965, Dylan se marie avec Sara Lownds, une mannequin de 25 ans. 

 En 1966, Bob Dylan édite Tarantula !, un recueil de poème, qui de connaît pas un grand succès. Ayant commencé sa vie d'artiste à l’époque de Jack Kerouac, il connaît Allen Ginsburg et ne cache pas son admiration pour Arthur Rimbaud. Il est souvent nominé pour le Prix Nobel de littérature.

 Toujours, en 1966, Bob a un accident de la moto et se retrouve à l’hôpital. Forcé de lever le pied, il enregistre l’album qui deviendra plus tard, en 1975, The Basement Tapes, les bandes du sous-sol, avec The Band [8]. Et c’est en 1968 que Bob refait surface dans l’album John Wesley Harding, qui contient All along the watch tower et la belle Ballad of Frankie Lee and Judas Priest  [9].

 Par la suite, Bob se tourne vers la musique Country. En 1969, l’album Nashville Skyline, où Bob rencontre Johnny Cash, est fait de ballades dont Lay lady lay, et, en 1970, le double album Self Portrait est composé en majeure partie de reprises de titres folk et pop. Le début des années 1970, voit arriver des albums plus ou moins heureux : en 1970 New morning, en 1973 la bande originale de Pat garett and billy the kid, film dans lequel il joue [10] et qui contient Knocking on heaven’s door, en 1974 Planet waves ; il joue dans le concert pour le Bangladesh qu'organise George Harrison en août 1971 à New York ; sa tournée de l’époque, avec The Band, est l’objet de l’album Before the flood, paru en 1974.

 Mais bientôt, en 1975, paraît l’album Blood on the tracks, qui marque un retour du grand Dylan, avec notamment Lily, Rosemary and the jack of hearts, et Meet me in the morning (blues), où l’on sent ses dépits amoureux. Le disque connaît un certain succès. Et Desire, avec l’immense Isis, fruit d’un travail avec le parolier Jacques Levy et où se trouve un violon joué par Scarlet Rivera ; on y écoute aussi un chant de révolte Hurricane qui raconte le procès du boxeur Hurricane Carter emprisonné pour meurtre.

 La même année, Bob rassemble ses vieux amis, la chanteuse Joan Baez, le chanteur Jack Elliot et le guitariste Roger McGuinn, pour une tournée intitulée la Rolling Thunder Revue. Hard Rain est enregistré en 1976. Et en 2002 seulement, paraîtra le témoignage live des concerts de 1975, dans le cadre des Bootleg Series (Live 1975, The Rolling Thunder Revue).

 En 1976, l’album Hard rain est fait principalement de reprises. En 1978, sort Street legal, qui n’offre rien de saillant. En 1979, Dylan se convertit au christianisme et se met à écrire sur sa relation avec Dieu.

 Paraît alors, en 1979, Slow train coming, avec Mark Knopfler à la guitare[11], contenant le sublime Man gave names to the animals, sur un rythme « raggae ». Puis, en 1980, Saved et, en 1981, Shot of Love, avec Dead man, dead man.

 En 1983, Dylan abandonne son inspiration chrétienne et, cette année là, enregistre Infidels, qui traite du judaïsme. En 1989, Il enregistre avec le producteur Daniel Lanois l'album, Oh Mercy, dans lequel certains voient comme une renaissance[12]. Au début des années 1990, Bob enregistre Under the red sky, Good as I Been to You et surtout, en 1993, World Gone Wrong, titre d ‘une des meilleures chansons de l’album. En 1997, Dylan sort, à nouveau avec Daniel Lanois, Time Out of Mind, fait quant à lui de compositions originales, et dans lequel on trouve Highlands. En 2001 il enregiste Love and Theft, en 2006 Modern times, dans lequel on trouve l’excellent Thunder on the mountain.

 Bob met la dernière main à la rédaction de la première partie de ses mémoires. Les albums se succèdent et vont de reprises « life », en « essentiel »[13] et en compilations, de bootlegs en « best of ». Les Bootlegs series, enregistrements pirates jadis introuvables, désormais remasterisés et officiels, lèvent le voile sur des enregistrements légendaires disponibles pour la première fois. Le huitième volume de cette « série », Tell Tale Signs : Rare and Unreleased 1989-2006, est sorti en octobre 2008 et on y trouve l’inoubliable Tell ol' Bill [14]. En 2007, le film de Todd Haynes I'm not there, s'inspire « des nombreuses vies » et chansons de Bob Dylan et est interprété par six acteurs et une actrice. En 2008, Bob se voit descerner le prix Pulitzer.

 En 2009, Dylan sort un nouvel album : Together through life, dans lequel on trouve Beyond here lies nothin’, et qui est issu d'une collaboration avec le parolier du Grateful Dead Robert Hunter. Et à la fin de la même année paraît Christmas in the Heart, un album de reprises de chants de Noël dont les bénéfices sont intégralement reversés à diverses œuvres caritatives.

Bibliographie

· Les chemins de Bob Dylan par Alain Rémond

· Bob Dylan, Tarantula !, recueil de poèmes, 1966 (traduit en français par Dashiell Hedayat):

· Bob Dylan, Une biographie, François Bon, Albin Michel, 2007

· Thomas Karsenty-Ricard, Dylan, l'authenticité et l'imprévu, L'Harmattan, (ISBN 2-7475-9151-4);

· Pat Garrett et Billy le Kid, Sam Peckinpah, 1973

· La Dernière Valse, Martin Scorsese, 1978

1. Broadside Magazine - Wikipedia anglophone

2. Anthony Scaduto, Bob Dylan

3. Robert Shelton, Bob Dylan sa vie et sa musique : Like a Rolling Stone

4. Dylan : Portraits et témoignages, p. 46

· Site officiel, bobdylan.com

· Jonathan Cott, Bob Dylan: The Essential Interviews, Wenner Books, 2006, (ISBN 1932958096)

· François Ducray, Philippe Manœuvre, Hervé Muller, Jacques Vassal, Dylan, Albin Michel, 30/06/1978 (ISBN 2226001271);

· Martin Scorsese ; No Direction Home ; Paramount Pictures

·  Dylan s’électrifie – Bruno Lesprit, Le Monde (24/08/2006)

· The Crackin’, Shakin’, Breakin’ Sounds – Nat Hentoff, The New Yorker, 24/10/1964

· Bobdylan.com: Peter Stone Brown on Dylan at Newport

· http://www.bobdylan.com/#

· No Direction Home, de Martin Scorsese (2005)



[1] Nombre d’informations proviennent de Wikipedia, Bob Dylan

[2] No Direction Home, de Martin Scorsese (2005).

[3] Soirées dans un club où des débutants, en fin de spectacle, sont conviés à monter sur scène, V. Valérie ROUVIÈRE, LE MOUVEMENT FOLK EN France (1964-1981), internet.

[4] Robert Shelton, Bob Dylan sa vie et sa musique : Like a Rolling Stone.

[5] La liste de l’ensemble des chansons de Bob Dylan se trouve sur son site officiel, http://www.bobdylan.com/#; V. aussi, www.music-story.com/bob-dylan

/discographie

[6] V. Wikipedia, Mike Bloomfield.

[7] Mike Bloomfield, « non prévu pour la séance, et amené par Dylan lui-même, qui se love sur l’orgue menaçant d’Al Kooper le nouveau venu, initialement prévu par le producteur Tom Wilson pour tenir les parties de guitare (il n’avait jamais joué d’orgue auparavant !) », Fr.. Bellion, Cronique de Highway…, www.music-story. com/bob-dylan/highway-61-revisited

[8] V. Wikipedia, The Band. Robie Robertson, guitariste, apparaît comme le leader du groupe qui jouera un grand rôle dans l’aventure de Bob entre 1965 et 1966 notamment lors de tournées ; le groupe peut être vu- dans le film « The last walz »., de Martin Scorcese, où l’on voit apparaître notamment Emmylou Harris ("Evangeline") , le gospel-soul group The Staple Singers ("The Weight").

[9] « Curieux album que ce John Wesley Harding qui rompt un silence radio de deux ans, début 1968 en plein « flower power » ; alors que tous ses pairs anglais rivalisent de sophistication (Sgt. Peppers pour les Beatles et Their Satanic Majesties Request pour les Stones), Bob Dylan surprend en sortant son disque le plus épuré depuis quatre ans. Les recherches poétiques survoltées de Blonde On Blonde sont laissées de côté pour faire place à une écriture moins alambiquée tout en paraboles bibliques. L’accompagnement est minimal… (l’album se concentre) sur la narration d’histoires. Celles-ci regorgent de vagabonds, d’immigrants, de chapardeurs, de messagers et même de saints », dira Fr. Bellion, www.music-story.com/bob-dylan/john-wesley-harding/critique.

[10] Y joue aussi son ami et chanteur, Kris Kristopherson (auteur de Mee and Bobby Mc Gee, chanté notamment par Janis Joplin), dont il enviera toujours le talent d’acteur.

[11] L’excellent guitariste du très connu Dire straits (dont le Sultans of swing, premier grand succès, ressemble étrangement à du Dylan).

[12] Fr.. Bellion, www.music-story.com/bob-dylan/oh-mercy/critique.

[13] L’essentiel, Essential Bob Dylan, paru en 2000 contient, outre beaucoup de reprises, Times have changed, qui est une merveille, et dont on voit un clip sur la version luxe de Modern times, légèrement écourté.

[14] Chanson composée pour le film « North country », mais dont l’interprétation est assez différente dans la bande originale cinématographique.

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